Promenons-nous dans les bois.. [PV Mitsu]

-"Raaaa... J'en peux plus... Fais chier... Qu'est-ce que je fous-là...?"

Il fallait bien se résoudre à la triste évidence : j'étais définitivement perdue. J'avais beau promené ma lanterne de gauche à droite sur le mince chemin de terre que j'arpentais en espérant trouver un quelconque signe particulier pour retrouver mon chemin. Rien ne parvenait à attirer mon attention. La faible lumière de ma lanterne ne parvenait qu'à mettre au jour des arbres aux milles formes cauchemardesques mais rien de suffisant pour parvenir à retrouver mon chemin. En désespoir de cause, je jetais un regard vers la voûte céleste mais en vain. En effet, la cime des arbres me barrait bien trop la vue pour pouvoir me repérer à cette boussole céleste. Oui bon... J'étais perdue. Et j'allais l'être un bon moment. Qu'est-ce qui m'avait pris de me balader ici...? Il ne me restait désormais que le silence, seulement brisé par le "rire" de mon familier qui semblait bien s'amuser de ma mésaventure comme d'accoutumée.

-"Tais-toi Murim si c'est pour faire ça ! "

Pourquoi m'étais-je perdue dans les bois? L'histoire, si elle est simple, n'est rien de plus que risible. J'avais récemment gagné cette académie par un pure concours de circonstances après des années à errer. Je ne sais même pas comment j'avais fait pour y être accepté pour être tout à fait honnête. Je dois même dire que je n'ai même pas fait le souhait d'y être intégré.

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas ce qui nous amène ici. C'est dans l'après-midi que j'avais décidé de me balader un peu dans les environs pour apprendre à mieux connaître mon environ. Enfin... Pour être parfaitement honnête, je ressentais sûrement le besoin de quitter cette grande chambre vide et isolée. J'aimais l'isolement mais... J'avais eu pour habitude de dormir à la belle étoile depuis ma fugue de chez moi et une partie de cette forêt me rappelait un peu celle qui entourait mon village natal. L'idée d'aller me resourcer s'était ainsi fait un chemin dans ma tête. Je m'étais donc préparée et j'avais fini par gagner la forêt avoisinante sans trop daigner prévenir quiconque. Qui aurais-je pu prévenir? Ma colocataire? Si j'en avais une, je ne l'avais jamais vue en ces quelques jours. Une amie? J'étais là depuis trop peu de temps pour vraiment m'en être fait. Et puis qu'est-ce que je risquais? Je dois cependant avouer que je m'étais interrogée sur le bien-fondé de cette escapade en abordant la lisière des bois mais je m'étais dis que je n'avais rien à perdre. Rien à craindre. Après tout, je m'étais préparée en conséquence, prenant avec moi un panier avec quelques victuailles et une lanterne que j'avais trouvé lors de mes voyages. C'est ainsi que je m'étais prise au jeu de l'exploration et que j'avais commencé à m'enfoncer dans les bois. Combien de temps je ne saurais vraiment le dire? Un quart d'heure? Une heure? Deux? Ce n'était pas le plus important pour moi. En effet, j'avais fais une trouvaille qui me fit perdre le sens du temps. J'avais en effet découverte une magnifique clairière couverte de fleurs de toutes les couleurs. Cette dernière se trouvait à flan de falaise et un vieux moulin à vent depuis longtemps en ruine s'érigeait là en attendant que le temps ne vienne à bout de ce qu'il restait de l'édifice fragile. C'est devant ce spectacle merveilleux que je me suis surprise à m'endormir. Quelle idée j'ai eu... 

Je m'étais réveillée après quelques heures, sinon plus. La nuit avait déjà pris ses droits sur les environs et la clairière baignant dans la lumière se voyait désormais engloutir par la voile de l'obscurité. J'avais donc allumé ma lanterne et chercher à regagner mes pénates. Sans succès. Depuis combien de temps je me baladais là sous les cris railleurs de cette saleté de piaf railleur? Personne ne saurait me le dire. Quoi qu'il en soit c'est ainsi que je me retrouvais désormais de nuit, seule, à espérer retrouver mon chemin dans l'obscurité et à insulter copieusement mon familier.

J'avais décidément une bien mauvaise idée que de me balader dans un lieu inconnu et potentiellement dangereux si tard et j'en assumais désormais les conséquences pleinement. Je cherchais donc à écarter mentalement les railleries de mon corbeau pour me concentrer sur ma tâche mais mes efforts étaient clairement vains. C'est presque risible. On dirait presque un scénario de cauchemar mais j'avais bien trop l'habitude de ces derniers pour véritablement m'inquiéter du déroulé des choses. Du moins c'est ce que je pensais lorsque j'entendis un bruit distinct non loin de moi sur la gauche. Un animal? Il y'avait peu de chance qu'un animal ne s'approche d'une lumière dans la nuit et encore plus d'un être humain. Au mieux, une meute de loups pourrait toujours tenter ce pari mais le hasard et le cliché d'une telle situation me fit mettre de côté cette hypothèse. Et puis... dévorer par une meute de loups, je connais déjà donc ça serait plutôt décevant. Je laissais ce moment de philosophie derrière moi avant de m'adresser vers le craquement insistant qui se faisait entendre près de moi.

-"Oui oui c'est bon ! On a compris ! Hilarant!" fis-je en m'adressant aux vapes d'obscurité silencieuse qui s'étendaient devant moi.

Au pire des cas je ne faisais que parler au vent. Dans le meilleur, peut-être que je pourrais trouver quelqu'un à même de m'aider à regagner cette clairière ou ma chambre. La clairière ferait tout aussi bien l'affaire. J'avais souvent dû dormir à la belle étoile donc je n'y voyais aucun inconvénient mais je craignais de m'égarer encore un peu plus en recherchant cet oasis de calme et de tranquillité. J'agitais donc ma lanterne vers le bruit pour me faire enfin une idée de la personne ou la chose qui venait dans ma direction.

- T’es perdue meuf ? T’as l’air de l’être, et pas qu’un peu !

J'eus le temps de contempler la jeune femme qui se trouvait devant moi de haut en bas avant qu'elle ne se fende de cette remarque déplacée. Jolie mais... mais c'est qu'elle a l'air de bien s'amuser en plus... Déjà que ce piaf ne semblait pas vouloir me lâcher la grappe avec cet erreur d'appréciation alors là... Peut-être était-ce simplement les reflets de lumière ou la faible luminosité mais il semblait qu'elle arborait un sourire qui en disait long sur le fait qu'elle se moquait de moi. Je me contentais donc de faire la moue avant de rétorquer à la jeune femme sans mâcher mes mots.

-"Oui j'ai compris c'est très rigolo de faire peur aux jeunes filles dans le noir et se moquer de leur mésaventure ! Passons cette étape tu veux? Si on commençait par la politesse et ensuite par le fait de retrouver notre chemin? A moins que tu sois tout aussi perdue que moi? Ou que tu sois une chasseuse et que tu viennes me tuer? Cas échéant, merci de faire vite. Je n'aurais plus à entendre l'autre me croassait dans les oreilles ! "

Peut-être aurais-je pu mesurer mes propos mais je ne voyais pas l'intérêt de faire dans la dentelle. Cette fille n'était-elle pas là y'a cinq minutes à s'amuser à faire craquer des branches délibérément? Ou bien n'était-elle juste pas bien discrète? Dans les deux cas, je n'en avais cure. Il valait mieux expédier cette histoire et regagner ma chambre. Je dois avouer qu'en cet instant je ne rêvais que d'une bonne douche et de revenir le lendemain tôt pour baliser les lieux jusqu'à la clairière. Il était hors de question de perdre ce petit sanctuaire pour une si stupide mésaventure. Je décidais donc de me calmer un instant plutôt que de pousser mon potentiel issue de secours à me laisser là dans la pénombre.

-"Bon, passons, tu m'as pas tué donc je suppose que tu n'es pas là pour ça. Tu t'appelles comment? Histoire de commencer par les présentations."

C'était sûrement inutile puisque je doutais que nous nous reverrions après tout ça mais ça ne me coûtait rien et ça pousserait peut-être cette fille à m'accorder son aide.

Je n'étais pas là depuis longtemps mais cette première rencontre n'avait rien d'encourageant. Non seulement l'inconnue semblait s'amuser d'une situation des plus désagréables mais en plus elle semblait ne pas être des plus coopératives au premier abord... Et puis moi, avoir peur? A quoi bon? Si la mort doit vous prendre, elle le fait et la craindre ne fait que retarder l'échéance. Mes cauchemars avaient été bonne conseillère sur ce sujet. Subir mille et une mort ne pouvait que rendre plus philosophe sur le sujet. Je n'eus cependant pas à aborder ce point puisque la jeune femme prit enfin la décision de se montrer plus conciliante et s'adonner aux politesse d'usage.

- Appelle-moi juste Mitsu. Et toi ?

Mitsu? Pas courant. Je décidais cependant de ne pas faire de commentaire à ce sujet pour ne pas manquer de respect à quelqu'un qui semblait enfin vouloir me tendre la main. Je fis donc ce qu'il y'avait de plus logique en lui répondant à mon tour.

-"Mayleen..." fis-je en soupirant autant par soulagement que par agacement.

Soulagée, je l'étais puisque je vis aussitôt la jeune femme me faire comprendre de la suivre. J'allais enfin regagner ma chambre apparemment. Je lui emboitais donc le pas sans me faire prier, tout en balayant de ci de là les environs de ma lanterne pour naviguer à ses côtés entre les racines et les trous du chemin accidenté. Il fallait bien veiller à ne pas me tordre la cheville avec mes ballerines. En parlant de mes ballerines... Je jetais un regard vers ses dernières avant de soupirer. Pfff... Je vais devoir les nettoyer, c'est certain... Mon agacement ne faisait que ressortir un petit peu plus lorsque le silence se rompit. Grumpy? C'est quoi? On dirait un nom de chien. C'est sensé être moi? Qu'est-ce que cette fille maugréait-elle? Pouvais-je bien me fier à une inconnue rencontrer dans les ténèbres de la nuit et qui semblait parler toute seule? J'en doutais mais avais-je bien le choix? Je décidais de passer outre, non sans me montrer méfiante, et je continuais mon chemin. C'est si loin que ça? Je n'eus pas à l'interroger à ce sujet puisque la jeune femme fut la première à m'adresser la parole.

- En tout cas, tu pouvais continuer d’errer comme ça, tu aurais finis par plus te perdre qu’autre chose. D’ailleurs, pourquoi t’as pas demandé à ton pigeon de faire du repérage pour toi ?

Super. Et bien j'étais vraiment bien avisée d'avoir cherché à regagner ma chambre plutôt que de rester sur cette belle colline... Enfin, elle marquait tout de même un point et il m'était bien nécessaire d'éclaircir la chose.

-"Murim? Si je dois te donner raison sur une chose c'est qu'il pourrait m'être utile si il ne s'amusait pas de chaque catastrophe qui me tombe dessus... Il serait bien utile en temps que seau de poulet frit qu'en tant que partenaire d'infortune... n'est-ce pas saloperie?" fis-je en redressant le regard vers l'oiseau.

Celui-ci se contenta simplement de croasser avec un air moqueur tout en voletant au dessus de nous. Trop loin pour que je puisse l'attraper et lui faire payer son impertinence. Trop près pour que je puisse ignorer son petit manège.

-"Et c'est que ça l'amuse en plus... Par Dieu, qu'est-ce que j'ai fais pour mériter ce truc..." concluais-je en remuant la tête avec désespoir et sidération.

J'aurais pu m'arrêter là et simplement continuer de répondre à ses questions en espérant que cette escapade finisse par prendre fin mais je pris le parti de me montrer curieuse à mon tour. Après tout, n'était-il pas étonnant et inopportun que de rencontrer une charmante jeune femme qui se balade dans les bois à une heure si tardive? Surtout sans lanterne? Je l'interrogeais donc à mon tour sur sa présence en ces bois.

-"Et toi? Tu fais quoi ici? Genre c'est courant qu'une fille se balade pour repérer les promeneurs égarés? Ou bien tu es une créature démoniaque qui cherche à me leurrer pour m'emmener dans ton antre? Genre une succube? Ou pire, une sorcière qui prend l'apparence d'une jeune femme pour m'attirer dans son utérus ?" 

Certes, l'idée pouvait sembler extrêmement farfelue mais je vous garantis que quand vous le vivez en rêve, ça vous marque. Quoi qu'il en soit, je restais suspendue à ses lèvres en attente de quelques explications sur sa présence ici.

Si j'avais eu de la chance dans mon malheur, il n'était pas exclu que ce bref répit n'était qu'une belle illusion pour m'amener plus loin dans la forêt comme le ferait la sorcière avec Hansel et Gretel dans le conte éponyme. Je n'avais donc pas hésité à mettre en lumière cette hypothèse et la réponse de la jeune femme ne manqua pas de me surprendre.

- Mais qu’est ce qui ne dit pas que tu serais une créature de ce genre ? A te faire passer pour une pauvre petite innocente totalement perdue pour mieux frapper dans le dos ? A part bien entendu la présence ton espèce de pigeon.

Je ne pus m'empêcher de pouffer de rire à cette remarque. Aurais-je pu générer un stratagème aussi saugrenu? N'était-ce pas justement un endroit où le fait de rencontrer une âme charitable tenait presque du miracle comme elle l'avait dit auparavant? Je m'apprêtais à la mettre devant ces propres contradictions lorsqu'elle reprit la parole à nouveau.

- Mais je doute que tu sacrifies ta seule source de lumière pour tenter d’abattre quelqu’un. Même si je reconnais que tu portes une odeur bizarre.

Elle marquait un point. Briser ma lanterne était une idée des plus ridicules. Il suffisait que ma "proie" résiste à mon assaut pour me retrouver ici, sans lumière et sans guide. De plus, même si elle ne pouvait le savoir, je tenais pas mal à cette lanterne qui m'avait suivi dans pas mal de mes péripéties. Certes, elle était vieillotte mais je faisais bien plus confiance à cette lanterne et les quelques allumettes dispersés dans ma poche qu'à une lampe torche ou même un téléphone. J'aurais donc bien appuyé à nouveau sur l'absence de réalisme de son plan imaginaire mais je fus interpellée par une autre partie de son discours. Une partie de son discours qui me laissait perplexe. Une odeur bizarre? Je préférais donc laisser de côté dans mon esprit cette histoire de sorcière qui essaye de vous absorber dans son utérus pour questionner la demoiselle sur ces propos.

-"Une odeur bizarre? Comment ça?" fis-je avec une pointe d'agacement dans la voix.

Quel toupet. Était-elle en train de dire que je sentais mauvais ou quelque chose du genre? C'était très discourtois. J'avais pris une douche ce matin-même non mais... Je veillais, en plus, tout les jours à garder une hygiène irréprochable et encore plus depuis mon arrivée ici. Certes, il était déjà arrivée que cette activité des plus normales devienne un luxe lors de mes années de fugue mais ce n'était plus le cas.

-"Est-ce que tu es en train de sous-entendre que je sens mauvais?" dis-je cette fois sans ménager mon agacement dans mon ton bien plus insistant. "Je te ferais savoir que ça ne se dit pas. Je suis servie entre ce maudit piaf et ma "sauveuse" qui critique mon hygiène corporelle ! Par Dieu..." concluais-je en secouant la tête de désespoir.

L'idée d'aller me promener avait vraisemblablement été ma pire idée depuis mon arrivée ici et pourtant l'une des premières. Je m'impatientais maintenant plus encore de regagner ma chambre au plus vite pour oublier cet affront et cette escapade catastrophique. Je ne tardais donc pas à exprimer mon souhait sans détour.

-"C'est encore loin? Je ne voudrais pas incommoder ton nez délicat plus longtemps Princesse ! " fis-je sèchement, non sans une ironie apparente.

Lui avais-je vraiment laissé l'occasion de s'expliquer? Peut-être pas vraiment... mais était-ce bien normale pour cette fille de proférer de tels paroles? J'espérais cependant que l'emploi appuyé du mot Princesse permettrait à cette "Mitsu" de repenser sa façon de s'exprimer ou de s'expliquer. Si elle ne le faisait pas, il était tout à fait possible que je tente ma chance seule dans ces bois de nouveau... après tout, elle ne m'avait toujours pas justifiée ne pas être une sorcière qui tentait de m'attirer dans son utérus !

La soirée était décidément mal embarquée. Non seulement, j'avais réussi l'exploit de me perdre de nuit dans cette forêt mais voilà maintenant que la personne que je prenais pour une lueur d'espoir dans la nuit n'était qu'une goujat sans manière. Il était bien dommage d'avoir sa plastique et de manquer ainsi de tact. Il ne faut pas juger un livre à sa couverture dit-on. C'est la pensée qui m'animait alors que nous continuions notre escapade au cœur des bois sans plus de signe de la civilisation. J'eus cependant tôt fait d'avoir l'opportunité de changer d'opinion sur la jeune femme puisqu'elle finit par se défendre de mes allégations.

- Les loups ont un odorat sensible à la base, mais je peux sentir d’autres choses. Et toi, ton odeur fait penser à quelque chose de dangereux. Et cette odeur est sans doute plus présente que ta propre odeur, bien que tu ne puisses pas la percevoir.

Les loups? Avais-je raté un wagon dans ce train? Ou le train lui-même? C'était donc ça dont il s'agissait. Il est vrai que la jeune femme ne m'avait pas encore présenté sa particularité mais celle-ci me frappait désormais comme une évidence. L'évidence même de sa présence dans ces bois. J'espérais simplement ne pas être le petit chaperon rouge de son histoire bien que ma tenue puisse s'y apparenter. Je nourrissais cependant l'idée qu'elle ne manquerait pas ainsi de bagout avec une proie qu'elle chercherait à amener dans sa tanière. De plus, une autre détail de son explication vint me heurter plus violemment encore. Mon odeur rappelle le danger? Je ne pus m'empêcher de me demander si cette réflexion entretenait un lien quelconque avec mon don maudit. Comment pouvait-elle en connaître la nature? Je ne me laissais cependant pas démonter et je préférais me concentrer sur la suite de sa phrase.

- Enfin, soit rassurée y’a plus que vingt petites minutes de marche.

-"Merci... Je commence juste à perdre patience..." fis-je en partie pour me dédouaner sans l'avouer complétement.

Il est vrai que j'avais peut-être été un poil excessive mais il faut dire qu'il faut manquer d'un certain savoir-vivre pour présenter les choses de la sorte, non? La fierté et mon caractère m'empêchait cependant de présenter mes excuses plus ouvertement. Je fis donc le pari de ne rien dire et de laisser le silence - si on peut appeler silence, les bruissements d'ailes de mon corvidé et les bruits en tout genre de la nature qui profite de la nuit pour s'éveiller - combler le vide entre elle et moi. Ce dernier ne dura par chance pas bien longtemps puisque la demoiselle ne se fit pas prier pour le briser.

- Allez, déride toi, si tout se passe bien je t’offre de quoi manger une fois rentrées sur le campus !

Si tout se passe bien? Je ne pus m'empêcher de ressentir un nouvel élan de méfiance devant cette nouvelle information mais je décidais de l'ignorer. Avais-je de toute façon le choix? Je n'avais plus vraiment l'option de tenter ma chance par mes propres moyens en considérant qu'elle était capable de me repérer à l'odeur. Aucune chance si elle m'était hostile de m'échapper et si ce n'était pas le cas, je passerais pour la dernière des imbéciles et des ingrates. Il en était hors de question. Il ne me restait donc plus qu'à suivre prudemment Mitsu. Autant prier pour être le chaperon rouge plutôt que la mère grand... et en espérant que le Chasseur ne fasse pas partie de cette histoire...

-"Je suis d'accord... J'ai quelques vivres mais un café ou quelque chose de plus savoureux ne me ferait aucun mal..."

Sauf si il s'agissait d'une brioche faîte à partir de mes cheveux... Encore une histoire qu'il valait mieux que je garde pour moi pour ne sembler plus folle que ne le paraît une jeune adulte qui se balade dans les bois. Je décidais donc de raviver la conversation avec une question plus neutre.

-"Tu comptes m'offrir quoi par exemple?" fis-je sur un ton plus neutre que quelques instants plus tôt.

Non, on ne m'achète pas avec une pâtisserie. J'ai beau l'air sortir d'un conte de fée, je ne suis ni Hansel ni Gretel et je ne suis pas dupe que ça ressemble à un moyen d'amener un enfant dans une camionnette. Ceci étant, me montrer trop méfiante n'aiderait pas.

Par Dieu.. Quel toupet! Ma sauveuse n'avait décidément pas le moindre talent pour se faire apprécier aux premiers instants il semblerait. C'est la pensée qui me traversait l'esprit alors que je continuais à suivre la demoiselle au milieu de cet forêt qui semblait sans fin. Il faut dire que même si j'avais tiré des conclusions un peu hâtive pendant notre conversation, elle n'avait pas mis du sien depuis notre rencontre dans ces bois. J'étais cependant prête à passer l'éponge en échange du repas qu'elle me proposait. Bien évidemment si ce dernier en valait la peine. Je n'eus pas à m'interroger à ce sujet car la jeune femme ne tarda pas à préciser sa pensée.

- On va dire que je te paye un repas complet et bien chaud. Compte ça comme une excuse. Je peux pas te proposer quelque chose de vraiment spécifique, surtout que je ne connais pas tes goûts.

Je hochais de la tête, consciente qu'elle ne pourrait que difficilement s'en rendre compte dos à moi. Il faut dire que je ne souhaitais pas admettre ouvertement que l'idée me faisait plaisir. En effet, depuis mon arrivée ici, j'avais préféré rester isolée et je ne me nourrissais donc que lorsque la faim ne me laissait plus vraiment le choix. La perspective d'un bon repas - gratuit de plus - n'était pas là pour me déplaire mais il était hors de question que je la remercie alors qu'elle s'était bien moquée de moi précédemment.

-"Je ne suis pas difficile." répondis-je sans plus de précision.

Il n'était pas nécessaire de s'appesantir sur le sujet. Je doutais que la jeune femme puisse véritablement s'intéresser à moi ou mes goûts ou même qu'elle puisse me revoir pour profiter de ce savoir. Après tout, je préférais ne plus me lier plus que ça aux autres. Je risquais moins qu'on abuse de ma gentillesse comme de mon pouvoir comme certains l'avaient fait... Cette pensée amère n'eut cependant par chance pas le temps de vraiment s'imprimer dans mon esprit car Mitsuko ne tarda pas à s'exprimer à son tour.

- Ah ah ! On est finalement un peu plus proches que prévu ! Si jamais tu me perds de vue, ce chemin te mènera à l’académie.

C'était donc la fin de ce calvaire? Je ne pus m'empêcher de me réjouir de retrouver la civilisation même si ça sous-entendait aussi de retrouver ma piaule vide. D'ailleurs... Je n'avais pas dû me perdre tant que ça. Je doutais que nous en ayons plus que pour cinq ou dix minutes de marche finalement. Une bonne nouvelle en soi. Je souriais donc à l'idée de ne pas avoir à chercher bien longtemps pour retrouver ce petit havre de paix le lendemain. Maintenant il fallait... la remercier? Je m'y refusais complétement. Je ne remercie personne. Jamais. 

- Ça fait combien de temps que tu erres par là ? Pas trop fatiguée ?

Je dus faire un pas de côté pour ne pas heurter la louve. Perdue dans mes pensées, je n'avais pas vu qu'elle s'était mise à ralentir pour me questionner. Je répondais à la volée, un peu gênée et paniquée d'avoir failli lui rentrer dedans.

-"Euh non ! Et puis c'est pas si important non? Je veux dire... ce n'est pas la fatigue qui m'empêchera de profiter de mon dû. Chose promise..." fis-je en prenant la tête de ce petit cortège, bien consciente de ne pas savoir tant que ça où j'allais.

Je marchais donc en remontant le chemin qu'elle m'avait indiqué quelques instants auparavant. Je m'arrêtais après quelques pas avant de me retourner vers la demoiselle.

-"Tu viens? J'ai une faim de toi moi ! Et je compte manger pour deux ! " 

Oui. C'était un trait d'humour spontanée. Oui c'est nul. Oui vous avez bien entendu. Et oui je n'eus même pas l'idée de me dire que cette phrase pouvait être mal interprétée.